Mercredi 12, 2h de l'après-midi

Je lis Eugénie de Guérin, cette lecture me fait beaucoup de bien et m'interesse d'autant plus que je fais moi-même mon journal. Seulement Melle de Guérin écrit pour son frère, tandis que j'écris surtout pour mon plaisir personnel.  J'ai été heureuse de retrouver en elle bien de mes idées et de mes pensées que je navais pas su aussi bien développer. Je copie ces quelques lignes sur la tristesse : "Voila comme la tristesse fait extravaguer et mène à dire : Pourquoi la vie, puisque la vie m'ennuie? pourquoi un coeur? pourquoi une âme? pourquoi des devoirs puisqu'ls me pèsent? Les pourquoi sans fin; et on ne peut rien, on ne veut rien, on se délaisse, on pleure, on est malheureuse, on s'enferme." Je la connais un peu cette tristesse ou plutôt cet ennui qui nous entoure de ténèbres le coeur et l'âme, le principal remède que j'ai trouvé est le travail.

Maintenant un peu de positif. Papa m'a écrit (j'attendais avec impatience une lettre de lui), il me donne des nouvelles de Maman qui donnent plutôt à espérer il me semble. J'ai mis sa lettre dans la poche de mon tablier pour l'avoir plus à ma portée et je l'ai relue 20 fois depuis ce matin. Je fais toujours ainsi quand je reçois une lettre, la premère fois, je la parcours des yeux, la seconde, je la lis attentivement; mais comme j'ai la mémoire assez courte et que je suis très distraite il me faut revoir dans la journée les parties que je veux approfondir.

Je te quitte, petit confident, et vais travailler en écoutant mon Oncle qui va nous faire la lecture.